jeudi 27 mars 2014

Le Grand Paris : de l'utopie à l'évidence en passant par la polémique

Le Grand Paris n'est plus une utopie (crédit : societedugrandparis.fr)
L'expression est présente dans les programmes de tous les candidats aux élections municipales à la mairie de Paris (et des autres communes concernées). Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, le Grand Paris est "une nécessité d'élargir les frontières de notre capitale à un cadre plus vaste que celui qui est imposé par le périphérique". Anne Hidalgo en fait pour sa part une de ces thématiques de campagne, car selon elle, "le Grand Paris est l'échelle pertinente pour agir" sur des dossiers majeurs comme le logement, les politiques sociales, les transports, l'économie et la transition énergétique. Le point de vue de Wallerand de Saint-Just est sans quiproquo : une nécessité, mais pas sous la forme voulue par l'équipe municipale "qui s'avère dangereux aux noms des finances publiques et de la démocratie". Pour les élus d'EELV, le message se résume à "une métropole du Grand Paris : oui, mais restons vigilants !". Bref, le projet d'un Grand Paris ne fait plus vraiment débat aujourd'hui. Mais il reste toutefois à définir quel sera son vrai visage aux yeux de ses habitants, des Français et du monde.

L'idée d'un Grand Paris n'est pas si récente. Selon l'historien et économiste Patrice de Moncan, Napoléon III était le premier à évoquer le projet d'un Paris s'étendant de Saint-Germain-en-Laye à Marne-la-Vallée. Mais il a fallu plus d'un siècle de bouleversements urbains et d'évolution des mentalités pour que le projet prenne de la consistance. Le 19 décembre 2013, le Parlement adopte ainsi le Grand Paris dans le cadre de la loi du 27 janvier 2014 sur la modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, qui prendra effet au 1er janvier 2016. Elle définit de fait le Grand Paris comme l'agrégation des communes de Paris et des trois départements limitrophes, la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne, sous une seule et unique métropole.

vendredi 21 mars 2014

La mobilité, un facteur de mutation urbaine

Mobilité et verticalité dans la ville de demain (crédit : noosfere.org)
Qui l'eût cru ? La mesure de circulation alternée, mise en place lundi à Paris et alentours, a été, si l'on reste au premier niveau d'analyse, un succès : 25% à 30% de bouchons en moins (voire même 60% sur certains axes aux heures de pointe) ; seulement 143 kilomètres d'embouteillage en Ile-de-France (contre deux fois plus habituellement) ; 90% de véhicules à numéro impair, 5 122 contraventions ; 61% et 33% de hausse respective des locations pour le Vélib' et l'Autolib'. Cette mesure (presque) nouvelle en France (elle existe par exemple à Sao Paulo sous le nom de "rodízio municipal") a modifié sur une journée la manière dont la population de Paris appréhende les transports quotidiens : transports publics, vélo, covoiturage et même congés exceptionnels. L'espace urbain lui-même s'en est trouvé modifié avec la réduction de la pollution, des nuisances sonores mais aussi de la pollution visuelle. Le signe que peu à peu, les "nouvelles" mobilités peuvent changer la ville.

Les campagnes électorales, et notamment celles pour la Mairie de Paris, sont révélatrices des enjeux qui entourent la question des transports en milieu urbain. Si ces derniers continuent de répondre à leur mission première, à savoir permettre le déplacement quotidien des habitants, ils sont aujourd'hui confrontés à des contraintes contradictoires : d'un côté, ils doivent être plus performants, plus rapides et plus denses ; de l'autre, ils sont censés être sûrs, rentables, peu onéreux tout en étant respectueux de l'environnement et silencieux. Un vrai casse-tête chinois ! Or, aujourd'hui, et c'est ce qui apparaît dans la plupart des programmes politiques, le débat sur les transports à Paris oppose les détracteurs de la voiture, qui considèrent que ses nuisances sont trop importantes par rapport à ses apports en milieu urbain, face à ses partisans, qui n'y voient pas d'alternatives crédibles.

jeudi 13 mars 2014

Passiv'Haus ou le génie allemand de la normalisation

Le deuxième maison certifiée Passv'Haus en France en 2010 (crédit : blog.reflexdeco.fr)
Passiv'Haus. Ce nom allemand n'est pas plus inconnu en France qu'il ne laisse indifférent. Car si le BBC, grâce à la RT 2012, s'est inscrit comme le label de référence en matière de performance énergétique des bâtiments, de nombreux opérateurs ont déjà les yeux tournés vers la prochaine étape de cette lutte contre le gaspillage : le bâtiment passif. Or, dans ce domaine, la certification Passiv'Haus est devenue depuis belle lurette une référence en Allemagne et en Scandinavie, et commence à faire peu à peu des émules en France. Mais ce développement ne se fait pas sans grincement de dents, tant le modèle allemand, si rigoureux, apparaît lourd et coûteux. Entre le BBC et le nouveau venu Bepos, que cache le label Passiv'Haus qui souhaite s'inscrire comme une étape vers la RT 2020 et les bâtiments à énergie positive ?

Le Passiv'Haus, concept de bâtiment très basse consommation signifiant "maison passive", est loin d'être si nouveau. Il s'inspire en effet des normes Niedrigenergiehaus (littéralement "basse consommation"), parues dans les années 1970 en Allemagne et destinées à l'habitat dans les pays froids. Les principes du Passiv'Haus ont été clairement définis en 1988 par deux universitaires, le Suédois Bo Adamson et l'Allemand Wolfang Feist. La première maison passive a ensuite été construite selon ces critères dès 1990 à Darmstadt, dans le Land de Hesse, permettant de réaliser une économie de 90% des besoins énergétiques destinés au chauffage par rapport aux performances de l'époque. 6 ans plus tard était créé le Passivhaus Institut, un organisme de certification des habitations répondant aux critères du Passiv'Haus. Ainsi, si le Passiv'Haus a 10 ans d'avance sur la RT 2012, il en avait en réalité plutôt 22 !

mercredi 5 mars 2014

La garantie décennale garde légitimité et pertinence au regard des enjeux actuels

La garantie décennale en question ? (crédit : artisans-ales.fr)
Depuis plus de 35 ans, la loi Spinetta définit et encadre le dispositif d'assurance décennale, qui garantit tout bâtiment pour une durée de dix ans. Bien qu'étant un outil central de la qualité du bâti en France, la garantie décennale se trouve menacée aujourd'hui par la lutte contre l'inflation normative. Elle doit, par conséquent, justifier son existence face aux évolutions du secteur. Mais si elle se trouve limitée pour répondre à certaines problématiques, elle offre à l'inverse d'autres opportunités, en matière de développement durable ou de lutte contre la concurrence déloyale, que les acteurs du bâtiment sont loin de négliger. D'où cette question : face aux enjeux saillants du secteur de la construction, la garantie décennale est-elle en mesure de se réinventer ?

La garantie décennale due au client est une assurance contractée par les professionnels du bâtiment pour protéger leurs clients face à d'éventuels dommages. Elle couvre notamment les dégâts provoqués lors de la construction ainsi que les dommages de nature décennale, c'est-à-dire touchant à l'intégrité du bâtiment et à sa finalité. C'est le cas, par exemple, des vices au niveau des fondations, de la charpente, des canalisations ou encore des réseaux électriques. Sont exclus les vices apparents, qui doivent être dénoncés dès la livraison du bâtiment, les dommages causés de manière délibérée et les dommages dus à l'usure, en raison d'un mauvais usage ou d'un mauvais entretien.