mardi 10 décembre 2013

Bilan 2013 de la construction : des motifs d'espoir ?

Après un bilan 2013 en repli, le BTP s'attend à une année 2014 difficile (crédit : Rue de la paye)
Le changement dans le bâtiment, ça n'est pas pour maintenant ! Après une année 2012 désastreuse, en repli de 1,6 %, la chute de l'activité s'accentue encore en 2013 avec -2,6 %, et surtout près de 25 000 emplois perdus pour le seul secteur du bâtiment. Malgré la réaction du gouvernement, aucune mesure se semble limiter la baisse et seule la reprise tant espérée de la croissance du PIB pourrait sortir le BTP de l'ornière. De nombreux problèmes pointés par les professionnels existent toujours, comme le détachement des salariés ou la concurrence des auto-entrepreneurs. Pourtant, il subsiste quelques motifs d'espoir, à commencer par le fait que le bilan 2013 n'est pas aussi mauvais qu'attendu.

Elle sait se faire attendre, la reprise. Alors qu'aux Etats-Unis, la croissance du secteur a atteint 5 % en 2013 et qu'une hausse de 9 % est attendue en 2014, dopée par la construction de logements, le secteur en France continue de subir les contrecoups de la crise économique de 2008. Didier Ridoret, le président de la Fédération Française du Bâtiment, l'a annoncé le 3 décembre dans son traditionnel discours de fin d'année : "la situation économique du bâtiment a été mauvaise en 2013 et le restera en 2014". Avec -2,6 % en 2013, le secteur du bâtiment fait ainsi quasiment deux fois moins bien qu'en 2012 (-1,6 %). De quoi inquiéter la plupart des entrepreneurs.


Un triste bilan 2013, de maigres perspectives pour 2014

La baisse n'est pas étendue à tous les segments du bâtiment. Alors que la rénovation et le logement neuf s'écroulent respectivement de -1,1 % et -7,4 %, le non résidentiel neuf résiste avec une légère progression de 0,8 %, aidé par la petite reprise de l'activité pour les entreprises. Les conséquences de cette récession sur l'emploi sont terribles : en 2013, les pertes d'emploi sont estimées à 25 000, dont 5 000 concernent des intérimaires en équivalent-emplois à temps plein. La baisse de l'activité impacte également la viabilité des entreprises. En effet, la marge de ces dernières a perdu 4,7 points entre 2008 et 2012, passant de 14,6 % à seulement 9,9 %. La baisse devrait d'ailleurs se poursuivre en 2013. De fait, le chiffre des défaillances d'entreprises a quasiment atteint le pic historique de 2009 entre novembre 2012 et octobre 2013 : 62 431 société ont mis la clé sous la porte, soit une hausse de 4,3 %. Comme l'on pouvait s'y attendre, les principales victimes sont les PME et les micro-entreprises, fragilisées par la durée de la crise.

Les indicateurs ne sont pas rassurants pour 2014. La FFB s'attend notamment à une rétractation de l'activité de -0,4 %, répartie de manière assez homogène entre le non résidentiel neuf (-0,9 %), le logement neuf (-0,2 %) et la rénovation (-0,2 %). Le secteur devrait ainsi perdre près de 7 000 emplois. Cette situation pessimiste est justifiée par la chute de -16 %, fin septembre 2013, des permis de construire, dont -10,1 % dans le logement et -13,4 % dans le non résidentiel ! De fait, malgré une probable croissance de l'activité générale en France en 2014, aucune reprise n'est attendue en ce qui concerne le BTP, et le nombre de défaillances devraient atteindre 22 000 entreprises selon la Coface. Pour Didier Ridoret, "la baisse observée traduit plutôt un retour à la normale qu'un nouvel effondrement du marché".

Les questions non-résolues

C'est pourquoi le président de la FFB considère que la croissance viendra plus de mesures prises par le gouvernement que de la reprise de l'activité en France. La lutte contre la concurrence déloyale, des auto-entrepreneurs comme des sociétés low-cost employant des personnels détachés étrangers, fait partie des priorités des organisations professionnelles du bâtiment. Mais malgré les nombreux débats sur ces sujets, comme ici ou , la situation n'a pas vraiment évoluée et les sociétés comme les associations demeurent dans l'expectative.

De même, la pression fiscale et administrative continue de peser sur les entreprises. Si le bâtiment a obtenu un taux de TVA réduit à 5,5 % pour les travaux de rénovation thermique (y compris les travaux induits), le Compte personnel de prévention de pénibilité va par exemple entraîner de nouveaux coûts. De même, pour Didier Ridoret, la reprise est conditionnée par la primo-accession. Or, les ménages préfèrent épargner plutôt qu'emprunter avec des taux d'intérêts qui augmentent, des impôts en hausse et des aides qui se réduisent (à l'image des restrictions sur le PTZ+).

Des motifs d'espoir ?

Existe-t-il des motifs d'espoir, dans ce contexte, pour le secteur du bâtiment ? Selon le cabinet d'expertise Euroconstruct, la tendance serait plutôt "après la pluie, le beau temps". Ou lorsque l'on a atteint le fond, on ne peut que remonter. Ce dernier prévoit en effet une hausse de l'activité de 0,9 % pour le secteur du bâtiment en Europe, grâce au résidentiel (1,4 %) et au génie civil (1,2 %). Et il prévoit, toujours au niveau européen, une croissance de 1,8 % en 2015 et 2,2 % en 2016. Cette vision correspond également aux prévisions à moyen terme du cabinet BIPE, pour qui la fin de l'année 2014 devrait être plus positive en France.

Comparées aux prévisions de 2012 pour 2013, le secteur du bâtiment a fait finalement mieux qu'attendu, ce qui suscite des motifs d'espoir. Alors que l'on attendait une chute des mises en chantiers à 315 000 logements (contre 346 000 en 2012), cette baisse a été limitée à 340 000 logements, soit une baisse contenue en 1,7 et 4,6 %, alors que le scénario le plus pessimiste prévoyait 9 %. Dans un contexte de mobilisation générale, certaines mesures du gouvernement, comme la TVA à taux réduit étendue, l'éco-conditionnalité ou encore la lutte contre la concurrence déloyale, alliées à des mouvements propres à chaque segment comme l'autoconsommation, pourraient peut-être permettre au bâtiment de sortir de l'ornière plus tôt que prévu.

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