L'éclairage : un outil pour la sécurisation et la valorisation esthétique de la place de la Liberté à Toulon (crédit : toulon.fr) |
Qui n'a jamais été choqué de voir des immeubles de bureaux complètement éclairés la nuit alors que personne ne s'y trouve, alors même que le gouvernement avait décidé de faire la guerre aux éclairages superflus ? A l'heure où la société cherche à changer petit à petit ses pratiques et ses comportements en matière de consommation énergétique, l'éclairage ne semble pas être un domaine de progrès prioritaire, en raison notamment d'enjeux qui dépassent les simples besoins humains. Et pourtant, les moyens techniques existent aujourd'hui, permettant de réaliser (presque) facilement des économies, sans tout révolutionner. Alors, qu'attend-t-on pour faire passer les nouvelles solutions d'éclairage de l'ombre à la lumière ?
L'éclairage est un peu le parent pauvre de la lutte contre le gaspillage énergétique. Et pourtant, une fois qu'une isolation performante a été posée, la gestion de l'éclairage devient prépondérant pour réaliser de fortes économies d'énergie. Car l'éclairage, à l'instar du chauffage, ne répond pas qu'à un besoin humain basique de lumière : ses enjeux concernent également la sécurité, l'esthétique et même le marketing. Historiquement, l'éclairage public est une des stratégies les plus utilisées pour lutter contre l'insécurité dans les espaces urbains. De même, un éclairage bien adapté peut améliorer les performances des élèves ou des travailleurs (que ce soit en usine ou dans un open-space (chez Facebook par exemple), comme augmenter les ventes d'un commerce. Orientation (directe ou indirecte), couleurs (chaudes ou froides), l'éclairage est un outil très adaptable selon les objectifs recherchés.
Les économies d'énergie, ça commence par le choix de l'ampoule
Selon une étude de l'US Energy Information Administration, l'éclairage représente 20 % de la consommation énergétique d'un bâtiment commercial aux Etats-Unis. Or, aujourd'hui, les fabricants ont développé de nombreuses solutions permettant de réduire la consommation énergétique de l'éclairage de manière drastique. La première (et quelque part la plus évidente) passe par le choix de la source de lumière : halogène, fluorescente tubulaire, fluocompacte ou encore LED, la domination de la bonne vieille ampoule à incandescence semble bel et bien terminée. Par exemple, les LED offrent des performances lumineuses comparables pour une consommation bien moindre : Dans le cas d'une ampoule incandescente de 75W qui consomme 192 kw par an, la LED de puissance comparable n'en consomme que 23 !
De plus, les nouvelles générations d'ampoules possèdent une durée de vie accrue. Ainsi, alors qu'une ampoule à incandescence de 75W possède une durée de vie de 1 000 heures, une ampoule halogène de puissance équivalente (55W) en tiendra 2 000, une ampoule basse consommation 8 000 et une LED plus de 30 000 ! Aussi, même si le prix à l'achat des LED est bien plus élevé, cela est à pondérer sur la durée de vie et la consommation électrique induite. Par conséquent, la décision du Ministère du développement durable d'éliminer du marché les produits les plus énergivores coule de source.
De même, les nouveaux types d'ampoules attirent beaucoup moins la poussière. Loin d'être anecdotique, la poussière qui s'accumule sur une ampoule peut réduire son rendement de 25 à 40 % ! De plus, cette poussière a tendance à s'accumuler près des sources de lumières, comme les plafonds blancs, ce qui entraîne des coups supplémentaires d'entretien, alors que les LED n'attirent que très peu la poussière. Seul vrai bémol, certains produits, comme les ampoules fluocompactes, peuvent s'avérer nuisibles à l'environnement (elles contiennent notamment du mercure et du beryllium, deux produits toxiques). L'éco-organisme Récylum, créé en 2005 à l'initiative de quatre industriels, s'est notamment spécialisé dans la récupération et le recyclage des ampoules usagées.
L'éducation à la lumière
L'intérêt des sources de lumière basse consommation est qu'elle permet des économies d'énergie sans pour autant entraîner une révolution dans les comportements de consommation. En théorie, convaincre le consommateur d'opter pour ces produits devrait s'avérer plus facile, mais les lampes électriques basse consommation rencontrent encore des oppositions. La faute à un certain nombre de préjugés, comme le prix ou les performances moindres, mais également à d'autres réelles inquiétudes : impact énergétique de leurs productions (métaux rares pour les LED), présence de produits toxiques comme le mercure et production d'ondes (surtout pour les ampoules basse consommation).
Pourtant, des nombreux organismes étatiques (ADEME), éco-organisme (Récylum) et organisations professionnelles (AFE, FEDELEC, CAPEB, etc.) tentent de convaincre l'opinion publique. Et malgré des campagnes de communication efficaces, les esprits ne changent que trop lentement. Cela peut être également imputable à des indications inadaptées sur les emballages, où les équivalences de puissances entre produits différents ne sont pas claires. Les enjeux d'un mauvais éclairage, sur les plans de la puissance, de la luminosité, de la couleur ou encore de l'orientation sont encore mal connus des particuliers mais aussi des entreprises. Dans de nombreux cas, cela affecte la productivité des employés et la consommation de clients. C'est pourquoi le Syndicat de l'éclairage diffuse des fiches pédagogiques qui résument des cas d'écoles touchant aussi bien au petit commerce qu'à la grande distribution, aux hôpitaux, complexes sportifs ou encore établissements scolaires.
La formation des professionnels du bâtiment est également au centre de la stratégie. Si les architectes et les décorateurs d'intérieurs sont sensibles à l'esthétique liée à l'éclairage, ils le sont moins face à ses enjeux écologiques et sanitaires. Pour les électriciens, la question est encore moins flagrante. D'où les formations mises en place par les organisations professionnelles, comme la CAPEB, qui a intègré une partie spécifique à l'optimisation de l'éclairage dans sa formation éco-artisan. L'ADEME a également publié des brochures détaillées qui résume les enjeux de l'éclairage dans les parties communes ou les commerces de centre-ville. A l'image d'autres domaines, comme les énergies renouvelables ou l'isolation, l'artisan doit devenir plus qu'un simple technicien pour conseiller efficacement le particulier.
L'avenir nous éclairera
Les enjeux de l'éclairage sont encore bien présents aujourd'hui. Les repères pour déterminer ce qu'est un bon éclairage, à la fois confortable et respectueux de l'environnement, ne sont pas parfaitement identifiés par les particuliers et les artisans. Alors que l'isolation s'est dotée (ou a été dotée par l'Etat) d'une réglementation contraignante avec la RT 2012, il manque encore à l'éclairage une réglementation lumineuse qui définisse les niveaux de consommation adéquats d'un foyer, ou d'un éclairage public. Car si l'éclairage ne contribue qu'à 12,8 % de la consommation électrique des ménages, il est avec 40 % le premier poste de dépenses énergétiques des collectivités !
L'autre piste intéressante pour l'avenir est la mise en place des smart-grids et des applications adaptées pour le contrôle de la consommation. Si certaines solutions ont toujours existé, comme les minuteries ou les détecteurs de mouvement par exemple, les industriels comme Legrand commencent à se lancer pleinement dans des solutions domotiques domestiques, qui apparaissent parfaitement adapté à l'éclairage et à notre portée à très court terme. Dans ce sens, certains préjugés, comme le rapport entre lutte contre la criminalité et éclairage public ("plus c'est éclairé, moins il y a de criminalité"), doivent être remis en question afin de proposer des applications à petite échelle moins onéreuse pour les collectivités. Dans la guerre contre le gaspillage énergétique, si l'éclairage est encore aujourd'hui un peu négligé, il ne devrait toutefois pas tarder à sortir de l'ombre.
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Bonjour, 3 points sur cet article que je découvre:
RépondreSupprimer- il est extrêmement bien rédigé et documenté, il n'est pas courant de lire des papiers aussi bien construits sur l'éclairage et je vous en remercie: dresser un panorama complet de la situation n'est en effet pas facile.
- il y a une petite imprécision lorsque l'on parle de l'éclairage qui est "avec 40 % le premier poste de dépenses énergétiques des collectivités !" il s'agit des dépenses d'électricité et non des dépenses d'énergie. En effet le gaz et le fioul ne sont pas inclus... il n'en reste pas moins que 40% (éclairage intérieur des bâtiments publics + éclairage public extérieur) c'est assez énorme pour devoir se pencher sur le potentiel d'amélioration!
- les indusdtriels du Syndicat de l'éclairage sont conscients du travail de sensibilisation, formation, éducation à la lumière qui reste à faire pour que les maitres d'ouvrage, prescripteurs, acheteurs et utilisateurs puissent choisir l'éclairage qui leur convient. C'est pourquoi nous menons des actions pédagogiques : nous avons notamment participé à l'élaboration des brochures ADEME que vous citez, ainsi que l'ensemble de la filière de l'éclairage d'ailleurs. De même, nos fiches de réalisations vont dans ce sens : http://www.syndicat-eclairage.com/fiches-realisations.asp
Nous sommes à votre disposition pour échanger sur ces thèmes, alors à bientôt !
S. Flet Reitz