mardi 19 mars 2013

BREEAM, HQE, LEED : la guerre des labels aura-t-elle lieu ?

Le siège-social de Schneider-Electric à Reuil-Malmaison (crédit : goodwinsustainabledevelopment.com)
Quelques mois après la certification BREAAM du nouveau siège social de Schneider-Electric, c'est le siège social de Bouygues Construction, Challenger, qui vient de recevoir une palanquée  de récompenses pour le "Triangle Nord". Et s'il est fort à parier que le nombre de ces annonces s'intensifie en 2013, la multiplication des certifications commencent à brouiller peu à peu le message écologique et innovant pour faire place à une véritable lutte d'influence, une guerre des labels. BREAAM, HQE, LEED, etc. : quel phénomène se cache derrière ces acronymes imprononçables aux enjeux mal connus ?

Lancé en 1990, le système de notation BREEAM est la première certification à apparaître dans le champs de l'architecture et du BTP. Créé par le Building Research Establishment (BRE), une agence gouvernementale britannique (aujourd'hui devenue société privée), ce label compte actuellement 200 000 bâtiments certifiés à travers le monde et plus d'un million de candidats inscrits aux évaluations. Et depuis 2009, il cherche à s'exporter à l'international avec le programme BREEAM In-Use, dont le but est d'accompagner le développement des bâtiments en adaptant la notation en fonction de nombreux critères et des évolutions. Une certification qui commence à connaître, en France, un certain succès avec les grandes entreprises, comme Schneider-Electric et Bouygues Construction.

Une concurrence qui s'exacerbe en France

Un succès en passe de concurrencer le label français Haute Qualité Environnementale (HQE). En effet, cette certification, également mise en place dans les années 1990 par l'AFNOR, est gérée par l'association HQE, et reste leader en France avec 90 % des 800 opérations de certifications. Mais au niveau mondial, ce chiffre reste ridicule, malgré la création tardive d'un référentiel HQE International en 2011. Le label HQE subit également les assauts d'un compétiteur américain, le Leadership in Energy Environmental Design (LEED). Fondé en 1998 par l'US Green Building Council, il cherche à se développer en Europe et bénéficie de la meilleure dynamique au niveau international, notamment sur le long terme, le risque de dégradation de la note étant limité.

Les risques de la bataille

Cette concurrence grandissante, si elle pousse les agences à améliorer, densifier et renforcer leurs systèmes de notation et de certification, génère également des confusions, contraire à l'esprit originel des labellisations, qui visait à doter les meilleurs élèves de références concrètes et objectives, identifiables pour le public. Or, la multiplication des labels, leurs évolutions à grand renfort de communication marketing ainsi que leur systémisation tendent à brouiller leur compréhension. Les notations deviennent de moins en moins lisibles à mesure que des bâtiments - tel que le Challenger de Bouygues Construction - les cumulent à l'envie. Et ce qui devrait pousser les sociétés de construction à exceller devient finalement une norme, qui rajoute à la confusion.

Cette lutte des labellisations renvoie à une guerre plus sournoise, celles des Etats en pointe dans le "Green Building" pour imposer leurs propres critères et en faire des références mondiales : par exemple la Chine, de plus en plus active dans le domaine des éco-bâtiments. Une analyse attentive des critères privilégiés par chaque label, correllés aux capacités et technologies maîtrisées par les grands champions du BTP de chacun des pays concernés, serait probablement révélatrice des stratégies sous-jacentes pour imposer un modèle plutôt qu'un autre. Quoiqu'il en soit, le marché des certifications du "Green Building" demeure en plein développement, et nul ne doute que la guerre sera féroce avant d'entrevoir l'émergence d'un quelconque modèle. Pour le bien de notre planète ?

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1 commentaire:

  1. "Une analyse attentive des critères privilégiés par chaque label, correllés aux capacités et technologies maîtrisées par les grands champions du BTP de chacun des pays concernés, serait probablement révélatrice des stratégies sous-jacentes" : un nouvel article en 2014 faisant le début de cette analyse ?

    Ce serait bien...

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