Le BTP au centre des débats sur la transition énergétique (crédit : www.transition-energetique.gouv.fr) |
Le débat sur la transition énergétique, lancé en 2012 par le
gouvernement, a pour objectif de trouver des solutions au défi climatique et
énergétique que connaît notre pays : baisser les émissions de CO2, ramener
d’ici 2025 la part du nucléaire à 50 % de la production nationale d'électricité,
développer les énergies renouvelables, trouver des solutions en terme d'économies
d'énergie… Le 8 juillet dernier a été publiée la synthèse des débats territoriaux qui ont eu lieu ces derniers mois. Sans revenir sur l’ensemble du document, très dense et riche en propositions, la partie concernant le bâtiment – pages 42-45 – explicite l’importance du secteur dans la réussite de la transition énergétique mais également les points de blocage possibles.
La rénovation est un enjeu crucial afin de réussir la transition énergétique vers une économie bas carbone et faiblement consommatrice d’énergie. Pour ce faire, la synthèse des débats met l’accent sur l’articulation entre des démarches administratives et de financement facilitées ainsi qu’une montée en compétence des acteurs du BTP sur le sujet : par exemple, via des regroupements afin de partager les savoir-faire. De même, les formations sur les techniques de réhabilitation ou relatives aux économies d’énergie sont primordiales car elles permettent de niveler vers le haut les qualifications des acteurs du BTP.
Les propriétaires qui louent un logement sont également mis à contribution, positivement et négativement. Par exemple, des mesures incitatives coupleraient travaux pour une meilleure performance énergétique des bâtiments avec l’autorisation d’augmenter les loyers en proportion du gain financier pour le locataire lié à la performance énergétique du logement au court de contrat locatif. A l’inverse, la location de logements aux piètres performances énergétiques devrait être freinée voire interdite.
Globalement, une meilleure visibilité du marché de la rénovation est nécessaire pour les acteurs du BTP (entreprises du bâtiment, fabricants de matériaux et d’équipement…), ce qui passent notamment par leur sensibilisation aux enjeux de la transition énergétique, en termes de création de richesse et d’emploi.
La réglementation : arlésienne ou levier de succès ?
L’évolution de la réglementation liée à la rénovation/construction des bâtiments est primordiale pour, d’une part, atteindre les objectifs de la transition énergétique et, d’autre part, impliquer les acteurs du BTP. Dans le premier cas, la mise en place d’obligations/incitations aux travaux des bâtiments (logement ou bureau) les plus énergivores, qu’ils soient privés ou publics, est proposée. De l’autre, la synthèse pose la nécessité de simplifier les procédures et une idée avancée concerne la création de guichet unique, au niveau des territoires et à destination des particuliers/entreprises, dispensant informations et conseils sur des questions techniques, juridiques et financières.
Toutefois, cette volonté de simplification s’inscrit dans des propositions contradictoires. En effet, dans la synthèse des débats, il est proposé de simplifier/renforcer les dispositifs des certificats d’économies d’énergie… tout en souhaitant favoriser le développement de la norme ISO 50 001, de créer un label « entreprise à énergie positive » ou des labels pour l’utilisation des biomatériaux !
L’harmonisation est pourtant une affaire urgente comme le montre l’exemple de la réglementation thermique : les méthodes de calcul énergétiques qui coexistent dans le secteur du bâtiment diffèrent, la méthode de calcul de la RT 2012 n’étant pas la même que celle pour l’existant qui est encore différente de celle utilisée pour réaliser un audit énergétique.
Une synthèse qui reste pertinente
La synthèse réussit néanmoins à montrer à la fois les points de blocage que connaît le BTP actuellement mais aussi sa centralité pour une transition énergétique réussie : dans les actions de rénovation des bâtiments mais également – voire surtout – dans les actions d’éducation à la sobriété et à l’utilisation des bâtiments performants.
Via la promotion de l’écoconstruction, le BTP peut également être un levier efficace en termes de production industrielle (industrie chanvrière et linière), en développant localement des matériaux d’isolation performants et respectueux de l’environnement (laine de bois, de mouton, chanvres...). Étonnamment, la synthèse évoque la nécessité de légiférer/limiter l’auto-entreprenariat dans le bâtiment et de lutter contre la concurrence étrangère déloyale.
Bien évidemment, tous ces sujets sont au cœur de la réflexion de Cécile Duflot, Ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, comme elle le rappelle dans l’interview donnée à La Tribune le 9 juillet. Selon elle, la fiscalité incitative pour la promotion de la rénovation des logements est un premier pas. Quant à l’écoconstruction, elle rappelle que la France a un fort potentiel forestier mais trop peu valorisé, ce qui permettrait pourtant de coupler emploi local et objectifs environnementaux ambitieux. Les prochains mois nous donneront un aperçu de la réelle volonté du Gouvernement de coupler transition énergétique et soutien aux entreprises et artisans du BTP, notamment avec la mise en place des investissements d’avenir.
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la mutation du batiment vers l'énergétique va nécessiter de nouveaux savoir faire et expertises, avec de la formation!
RépondreSupprimerMuriel