Les matériaux bio-sourcés pour le bâtiment : une utopie ? (crédit : DREAL Poitou-Charentes) |
En apparence, ils ont tout pour plaire. Stars du salon Ecobat, les matériaux bio-sourcés crèvent l'écran depuis quelques années. Bois, paille, chanvre, laine, plumes, etc., les éco-constructeurs rivalisent d'ingéniosité pour réactualiser de vieilles recettes et rendre l'isolation et les matériaux de construction plus écolos et plus durables, en bref, éco-responsables. Vraiment éco-responsables ? Certaines voix, majoritairement issues du militantisme écologique pur et dur, ont commencé à émettre nuances et critiques. Car au fond, la plupart des matériaux bio-sourcés pose le même problème que les biocarburants, à savoir l'exploitation intensive de terres agricoles pour des usages non-alimentaires...
Qu'ils soient d'origine végétale (bois, liège, chanvre, paille, etc.) ou animale (laine, plumes), les matériaux bio-sourcés sont la nouvelle coqueluche des architectes de la deuxième décénie du troisième millénaire (depuis 2010 en somme). La raison ? Il repose sur trois principes : la performance énergétique, le respect de l'environnement et le respect de la santé des hommes. Tout ce qui peut permettre en somme d'oublier le traumatisme provoqué par l'amiante, produit miracle des années 60 dans le BTP.
Des matériaux pas si "natures"
Mais voilà, nous en savons encore bien peu sur ces produits revenus tout droit de chez nos aïeux. Principalement utilisés pour l'isolation, leurs performances énergétiques sont assez difficiles à comparer par rapport aux produits industriels existants, essentiellement par ce que les chercheurs manquent de recul par rapport à leurs ACV (Analyse du Cycle de Vie) respectifs (certains n'ayant même jamais été testés par des organismes qualifiés, comme le CSTB).
De fait, leur dimension "durable", au sens premier du terme, n'est également pas connue pour la plupart. Quel intérêt pour un isolant qu'il faudrait changer tous les cinq ans, et qui sont, par nature, biodégradables à l'état d'origine ? C'est pourquoi ces produits subissent des transformations grâce à des additifs chimiques afin d'améliorer leurs performances, leur structure ainsi que leur durée dans le temps. Le caractère nocif de ces produits, que ce soit pour l'homme ou pour l'environnement, est également mal connu, mais met à mal à l'aise l'appellation bio-sourcés, et encore moins "bio". Seul le bois aujourd'hui peut être utilisé non-traité (dans la limite où son bilan carbone reste intéressant, exit les bois exotiques).
Des matériaux pas si "natures"
Mais voilà, nous en savons encore bien peu sur ces produits revenus tout droit de chez nos aïeux. Principalement utilisés pour l'isolation, leurs performances énergétiques sont assez difficiles à comparer par rapport aux produits industriels existants, essentiellement par ce que les chercheurs manquent de recul par rapport à leurs ACV (Analyse du Cycle de Vie) respectifs (certains n'ayant même jamais été testés par des organismes qualifiés, comme le CSTB).
De fait, leur dimension "durable", au sens premier du terme, n'est également pas connue pour la plupart. Quel intérêt pour un isolant qu'il faudrait changer tous les cinq ans, et qui sont, par nature, biodégradables à l'état d'origine ? C'est pourquoi ces produits subissent des transformations grâce à des additifs chimiques afin d'améliorer leurs performances, leur structure ainsi que leur durée dans le temps. Le caractère nocif de ces produits, que ce soit pour l'homme ou pour l'environnement, est également mal connu, mais met à mal à l'aise l'appellation bio-sourcés, et encore moins "bio". Seul le bois aujourd'hui peut être utilisé non-traité (dans la limite où son bilan carbone reste intéressant, exit les bois exotiques).
Une problématique comparable à celle des bio-carburants
Ces premières nuances ne sont rien par rapport à la critique principale, qui réside dans la comparaison des matériaux bio-sourcés avec la problématique des bio-carburants. En effet, dans l'hypothèse où ces matériaux s'imposeraient pour la construction de maisons individuelles, comme elle est envisagée par le Commissariat Général au Développement Durable dans son rapport intitulé "Les filières industrielles stratégiques de l'économie verte", il faudrait être capable de produire de manière intensive ces matériaux de base.
Or une telle production serait à moyen et à long terme désastreuse sur les plans humains et écologiques. Dans une moindre mesure, elle provoquerait les mêmes dérives que la production de bio-carburants, à savoir l'exploitation de terres cultivables à d'autres fins qu'alimentaires, l'utilisation de pesticides voire d'OGM, la raréfaction des ressources en eaux (lin, coton)... Quant aux matériaux d'origine animales, comme la laine, on connait déjà les dégâts provoqués par l'élevage intensif d'ovins sur l'environnement. Les matériaux bio-sourcés pourraient donc être, comme les bio-carburants, complices de la faim dans le monde ? Il n'y a qu'un pas que Fabrice Nicolino, lui, n'hésiterait pas à faire !
Or une telle production serait à moyen et à long terme désastreuse sur les plans humains et écologiques. Dans une moindre mesure, elle provoquerait les mêmes dérives que la production de bio-carburants, à savoir l'exploitation de terres cultivables à d'autres fins qu'alimentaires, l'utilisation de pesticides voire d'OGM, la raréfaction des ressources en eaux (lin, coton)... Quant aux matériaux d'origine animales, comme la laine, on connait déjà les dégâts provoqués par l'élevage intensif d'ovins sur l'environnement. Les matériaux bio-sourcés pourraient donc être, comme les bio-carburants, complices de la faim dans le monde ? Il n'y a qu'un pas que Fabrice Nicolino, lui, n'hésiterait pas à faire !
Une fusée qui ne décollera jamais
L'acceuil dithyrambique réservé à l'apparition de chaque nouveau matériau bio-sourcé, malgré les espoirs qu'ils suscitent, doit être extrêmement nuancé. Si les matériaux bio-sourcés font autant le buzz aujourd'hui, c'est bien parce que nous n'en connaissons guère la portée aujourd'hui : uelles en sont les quantités produites aujourd'hui, leurs performances réelles, leurs impacts sur l'environnement ? Personne n'est aujourd'hui capable de répondre à ces questions, mais il apparaît important d'en nuancer les vertus. Parce qu'ils ne seront jamais capable de répondre demain à la demande sans provoquer de graves dégâts environnementaux. Car de ce fait, ils resteront une industrie de taille limitée, avec des économies d'échelles trop faibles pour démocratiser ces produits. Parce qu'enfin, le produit miracle n'existe pas encore.
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