jeudi 18 décembre 2014

Bilan 2014 : du mieux quand même ?

2014 : des éclaircies à venir pour le BTP ? (source : wikimedia.org)

Nous pouvons avancer, ironiquement, que 2014 restera dans les annales pour les changements politiques qui sont advenus (et qui étaient plus que nécessaires), du fait - pour partie - de la prise de conscience de la crise réelle que vit le secteur. Aussi, même si la baisse de l’activité continue, ces facteurs exogènes pourraient changer la donne. Ce qui donnerait une stabilisation de l’activité au premier semestre 2015 pour réamorcer la pompe en fin d’année et en 2016.

Toutefois, des bémols existent : la crise a la particularité de forcer les acteurs à s'adapter mais aussi de changer les mentalités. Le secteur de l’immobilier n’y échappe pas. Il serait donc faux de croire que la reprise, même fragile, s’accompagne d’un « retour à la normale », c’est-à-dire des habitudes d’avant. D’autre part, même si le secteur de la construction peut entrevoir des éclaircies, les travaux publics, quant à eux, verront le marasme se renforcer.

Un triste bilan 2014 mais des changements salutaires

Devons-nous faire une redite de notre bilan de l’année 2013 ? En effet, après une chute en 2012 (-1,6%), confirmée en 2013 (-2,6%), l’activité dans le secteur du bâtiment va baisser de 1,5% à 2% cette année, selon les derniers chiffres de la CAPEB. Le neuf reste le vrai point noir de la profession (-3% à -4%) tandis que l’entretien-rénovation est stable (-0,5% à 0%). Toutefois, les chiffres ne sont pas une surprise : la baisse d’activité dure depuis six ans et ne semble pas vouloir s’arrêter. Un exemple ? Aux 500 000 logements neufs voulus par le gouvernement, par an, on est plutôt aux alentours de 300 000 mises en chantier (et 332 000 en 2013). Un plus bas historique alors que les taux n’ont jamais été aussi faibles. Quant à l’emploi, la CAPEB table sur une baisse de 1,9 % cette année, avec une sévère chute de l’emploi intérimaire. Pour cette année, Jacques Chanut, patron de la FFB, avance 30 000 suppressions de postes… et peu ou prou ce même chiffre pour 2015.
Bref, les professionnels pourraient continuer à déprimer mais quelques signes augurent de jours meilleurs. Les défaillances d’entreprises par exemple. La FFB note une stabilisation, preuve que l’appareil de production résiste, même si la fragilisation devient critique. Coface semble aussi confirmer cette tendance : « l’assureur-crédit s’attend à une diminution du nombre de défaillances à 62 800 pour l’ensemble de l’année 2014, soit une baisse de 1,2% par rapport à 2013. Pour l’année prochaine, misant sur une conjoncture économique plus favorable et une croissance du PIB de 0,8%, l’organisme table sur 62 500 défaillances, soit une légère contraction de -0,5% par rapport à 2014 ».

Les changements politiques ensuite : qui aurait parié, il y a un an, sur un changement de premier ministre, du ministre de l’Economie mais surtout de la ministre du Logement ? L’arrivée de Sylvia Pinel marque la reprise en main du secteur par Manuel Valls et toute l’importance du BTP dans la reprise économique. Bien évidemment, il existe toujours des sujets qui fâchent comme le compte pénibilité, le travail détaché… et on peut s’interroger sur l'effectivité de plans de relance qui se succèdent. Mais la volonté politique de restaurer la confiance et de booster le secteur – avec deux ans de retard malheureusement – marque la fin des atermoiements. Aussi, la prise de conscience doit être salvatrice. 

Une année 2015 qui sera très contrastée

Actuellement, de nombreux experts et analystes s’avancent sur une reprise dans l’immobilier tandis que la situation catastrophique dans les travaux publics va continuer de s’aggraver. Ainsi, selon le réseau d’agences immobilières Guy Hoquet, 2015 pourrait être l’année du retournement. Ce que semble confirmer Xerfi dans ses dernières études. Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision, parle de « très légère reprise des transactions associée à une timide baisse des prix ».



Toutefois, au-delà des chiffres, ce qu’il faut noter est le nouveau rapport de force, identifié par d’autres acteurs du marché. Les changements économiques couplés aux évolutions sociétales rendent les Français très précautionneux. Aussi, il serait déraisonnable de croire que le marché repartirait comme avant la crise, du fait des taux bas par exemple. Seuls les acteurs ayant pris en compte les aspirations des vendeurs et des acheteurs tireraient leur épingle du jeu. Sans oublier les transformations qu’implique la révolution numérique. 2015, sur le marché immobilier, semble donc être une année charnière, où les évolutions quantitatives et qualitatives seront scrutées avec intérêt.

Tout le contraire des travaux publics… Tout d’abord, il y a la question du calendrier électoral : municipales en mars 2014, cantonales en mars 2015 et régionales en décembre 2015. Il va sans aucun doute y avoir un profond bouleversement politique avec la perte, par le Parti socialiste, d’un grand nombre de divisions territoriales. Or, celles-ci restent un acteur économique important du fait des sommes investies, notamment dans les travaux publics. En clair, autant d’investissements gelés sur une longue période, le temps que les nouvelles équipes se mettent en place. De plus, il ne faut pas oublier les changements institutionnels en cours de votation ou sur les rails, à l’image de la réforme territoriale ou encore du grand Paris. Pour finir, il est également question de la baisse programmée des dotations de l’Etat aux collectivités. Aussi, il n’est pas étonnant que la FNTP table sur un nouveau recul d’activité de 8% en 2015, la plus forte baisse depuis 30 ans. Une année 2015 qui sera très contrastée donc, alors que le BTP européen repart, de manière franche dans certains pays.

A noter, pour finir, deux procès qui intéresseront les professionnels du BTP : le premier concerne la santé publique (amiante) quand le second est lié à une question centrale actuellement, celle du travail détaché (procès en correctionnelle de Bouygues, chantier du réacteur nucléaire de Flamanville). Avec des jurisprudences à la clé ?

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