2014 : des éclaircies à venir pour le BTP ? (source : wikimedia.org)
Nous pouvons
avancer, ironiquement, que 2014 restera dans les annales pour les changements politiques qui sont advenus (et qui étaient plus que nécessaires), du fait - pour partie - de la prise de conscience
de la crise réelle que vit le secteur. Aussi, même si la baisse de l’activité
continue, ces facteurs exogènes pourraient changer la donne. Ce qui donnerait une stabilisation
de l’activité au premier semestre 2015 pour réamorcer la pompe en fin d’année
et en 2016.
Toutefois,
des bémols existent : la crise a la particularité de forcer les
acteurs à s'adapter mais aussi de changer les mentalités. Le secteur de l’immobilier
n’y échappe pas. Il serait donc faux de croire que la reprise, même fragile, s’accompagne
d’un « retour à la normale », c’est-à-dire des habitudes d’avant. D’autre
part, même si le secteur de la construction peut entrevoir des éclaircies, les
travaux publics, quant à eux, verront le marasme se renforcer.
Un triste bilan 2014 mais des changements
salutaires
Devons-nous faire une redite
de notre bilan de l’année 2013 ? En effet, après une chute en 2012 (-1,6%),
confirmée en 2013 (-2,6%), l’activité dans le secteur du bâtiment va baisser
de 1,5% à 2% cette année, selon les derniers chiffres de la CAPEB. Le neuf
reste le vrai point noir de la profession (-3% à -4%) tandis que l’entretien-rénovation
est stable (-0,5% à 0%). Toutefois, les chiffres ne sont pas une
surprise : la baisse d’activité dure depuis six ans et ne semble pas vouloir
s’arrêter. Un exemple ? Aux 500 000 logements neufs voulus par le
gouvernement, par an, on est plutôt aux alentours de 300 000 mises en
chantier (et 332 000 en 2013). Un plus bas historique alors que les taux n’ont
jamais été aussi faibles. Quant
à l’emploi, la CAPEB table sur une baisse de 1,9 % cette année, avec une
sévère chute de l’emploi intérimaire. Pour cette année, Jacques Chanut, patron de la FFB, avance 30 000 suppressions de postes… et peu ou prou ce même
chiffre pour 2015.
Bref, les professionnels pourraient continuer à déprimer mais quelques
signes augurent de jours meilleurs. Les défaillances d’entreprises
par exemple. La FFB note une stabilisation, preuve que l’appareil
de production résiste, même si la fragilisation devient critique. Coface
semble aussi confirmer cette tendance : « l’assureur-crédit s’attend à une diminution du nombre de défaillances à
62 800 pour l’ensemble de l’année 2014, soit une baisse de 1,2% par rapport à
2013. Pour l’année prochaine, misant sur une conjoncture économique plus
favorable et une croissance du PIB de 0,8%, l’organisme table sur 62 500
défaillances, soit une légère contraction de -0,5% par rapport à 2014 ».
Les changements politiques ensuite : qui aurait parié, il y a un an,
sur un changement de premier ministre, du ministre de l’Economie mais surtout
de la ministre
du Logement ? L’arrivée de Sylvia Pinel marque la
reprise en main du secteur par Manuel Valls et toute l’importance du BTP
dans la reprise économique. Bien évidemment, il existe toujours des sujets qui
fâchent comme le compte
pénibilité, le travail
détaché… et on peut s’interroger sur l'effectivité de plans de relance qui se succèdent.
Mais la volonté politique de restaurer la confiance et de booster le secteur –
avec deux ans de retard malheureusement – marque la fin des atermoiements. Aussi,
la prise de conscience doit être salvatrice.
Une année 2015 qui sera très contrastée
Actuellement,
de nombreux experts et analystes s’avancent sur une reprise dans l’immobilier
tandis que la situation catastrophique dans les travaux publics va continuer de
s’aggraver. Ainsi, selon le réseau d’agences immobilières Guy Hoquet, 2015
pourrait être l’année du retournement. Ce que semble confirmer Xerfi dans ses
dernières études. Alexandre Mirlicourtois, directeur de la
conjoncture et de la prévision, parle de « très légère reprise des
transactions associée à une timide baisse des prix ».
Toutefois,
au-delà des chiffres, ce qu’il faut noter est le nouveau
rapport de force, identifié par d’autres acteurs du marché. Les changements
économiques couplés aux évolutions sociétales rendent les Français très
précautionneux. Aussi, il serait déraisonnable de croire que le marché
repartirait comme avant la crise, du fait des taux bas par exemple. Seuls les
acteurs ayant pris en compte les aspirations des vendeurs et des acheteurs
tireraient leur épingle du jeu. Sans oublier les transformations
qu’implique la révolution numérique. 2015, sur le marché immobilier, semble
donc être une année charnière, où les évolutions quantitatives et qualitatives
seront scrutées avec intérêt.
Tout le
contraire des travaux publics… Tout d’abord, il y a la question du calendrier
électoral : municipales en mars 2014, cantonales en mars 2015 et
régionales en décembre 2015. Il va sans aucun doute y avoir un profond
bouleversement politique avec la perte, par le Parti socialiste, d’un grand
nombre de divisions territoriales. Or, celles-ci restent un acteur
économique important du fait des sommes investies, notamment dans les travaux
publics. En clair, autant d’investissements gelés sur une longue période, le
temps que les nouvelles équipes se mettent en place. De plus, il ne faut pas oublier
les changements institutionnels en cours de votation ou sur les rails, à l’image
de la réforme territoriale ou encore du grand
Paris. Pour finir, il est également question de la baisse programmée des
dotations de l’Etat aux collectivités. Aussi, il n’est pas étonnant que la
FNTP table sur un nouveau recul d’activité de 8% en 2015, la plus forte baisse
depuis 30 ans. Une année 2015 qui sera très contrastée donc, alors que le
BTP européen repart, de manière franche dans certains pays.
A noter,
pour finir, deux procès qui intéresseront les professionnels du BTP : le
premier concerne la santé
publique (amiante) quand le second est lié à une question centrale
actuellement, celle du travail
détaché (procès en correctionnelle de Bouygues, chantier du réacteur nucléaire
de Flamanville). Avec des jurisprudences à la clé ?
Nous suivre
sur Twitter : @Bati2030
En
complément de cet article, les analyses de :
- PAP – Immobilier, crédit : quelles prévisions pour 2015 ?, 8 décembre 2014.
- Le Huffington Post, Tribune de Jean-François Buet – 2014 : une année compliquée pour l’immobilier, 10 décembre 2014.
- FFB – Bilan 2014 et prévisions 2015, 16 décembre 2014.
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