mercredi 13 mars 2013

Vague de froid : alerte orange pour le bâtiment

Chantier sous les intempéries de neige.

Lorsqu'Evelyne Dhéliat ou le Gouvernement annoncent, sur le même ton concerné qu'on lui connaît, une nouvelle vague de froid et de neige sur la France, imagine-t-elle un instant son impact sur le secteur de la construction ? Car l'hiver et sa rudesse est souvent à l'origine d'un "chômage climatique" qui peut mettre à mal les sociétés du bâtiment, et provoque une forte majoration des coûts des chantiers de construction, alors même que les cotisations intempéries seront revues à la hausse au 1er avril 2013. Dans un contexte où le secteur peine à relancer l'activité, le fait qu'une semaine sur deux, depuis début 2013, ait été déclarée en chômage intempérie, n'aide pas à entrevoir d'accalmie printanière !

Selon plusieurs analystes, les caprices de la météo hivernale sont directement à l'origine de la difficulté du secteur du bâtiment à relancer l'activité en délin depuis la crise financière de 2008. En Allemagne, la construction a subi une chute de la production de 24 % pendant l'hiver 2010/2011, attribuée à de fortes chutes de neige. Au premier trimestre 2012, c'est la rigueur de l'hiver qui est à l'origine du repli de 0.25 % de l'activité dans le secteur, alors que l'économie s'était bien relancée à cette période avec une croissance de 3 %. Et cette réalité ne concerne pas que l'Allemagne...


Un impact économique considérable

De fait, les alertes orange de Météo France aux intempéries sont rarement de bonnes nouvelles pour les professionnels du secteur du bâtiment. Une journée d'intempéries est définie de la manière suivante par le Code du travail : "Sont considérées comme intempéries, les conditions atmosphériques et les inondations lorsqu'elles rendent dangereux ou impossible l'accomplissement du travail eu égard soit à la santé ou à la sécurité des salariés ou à la technique du travail à accomplir". Si la question de la sécurité des ouvriers est légitimement invoqué en cas de météo pourrie, la mise en place de certaines techniques étaient également prévues par le législateur.

Les conséquences des intempéries sont alors double et cojointes : à court termes, elles entraînent un surcoût dû aux indemnisations dont bénéficient les ouvriers. En effet, le législateur a prévu que le salarié bénéficie de 75 % d'indemnisation de sa journée de travail. A moyen et long termes, elles génèrent des retards conséquents, avec, dans la majorité des cas, une majoration du coût du chantier. Dans ce cas, le client est bien souvent la principale victime de l'affaire, car pour Sabrina Sab, avocat au barreau de Paris, il est rarement indemnisé, la plupart des contrats tenant compte des aléas climatiques.

Une gestion à réinventer ?

Le secteur du BTP a donc mis en place, avec l'aide du législateur, de nombreux moyens pour pallier à ce type de situation. Cependant, l'augmentation des événements météorologiques exceptionnels depuis quelques années menace ce modèle : les cotisations intempéries, mises en place pour indemniser les sociétés, devraient connaître une hausse modérée dès le 1er avril 2013.

Cette situation peut tout de même donner l'occasion de développer de nouveaux business. Ainsi, certaines entreprises, à l'image de Combisafe, proposent des solutions pour limiter la dépendance des travaux aux conditions climatiques, comme des toits temporaires. Météo France, ainsi que d'autres sociétés d'analyses des données météos, comme Prévimétéo, travaillent également à proposer des solutions adaptées au secteur du bâtiment.

Ces solutions risquent d'ailleurs d'être fortement mises à l'épreuve dans les prochaines années, à cause notamment du réchauffement climatique généralisé. A l'exemple de la Suède, une augmentation de la vitesse des ventes de 0,8 m/s et précipitations de 50 mm par mois (6 % de vitesse en plus pour le vent en Angleterre) pourraient avoir des conséquences importantes sur le secteur du bâtiment, dont une augmentation sévère des coûts de construction. Alors bon, si le ciel aussi s'y met pour empêcher la relance du secteur, que faire ?

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