jeudi 8 août 2013

Les gaz de schiste, une aubaine pour le BTP ?


Le BTP pourrait profiter de la manne des gaz de schiste (crédit : http://jjmirassou.wordpress.com)
Relancé il y a quelques semaines par Arnaud Montebourg, ministre du "redressement productif", le débat sur l'exploitation des gaz de schiste en France demeure particulièrement clivant au sein de la société française. Entre les partisans de l'exploitation, qui refusent de s'asseoir sur cette manne financière en période de crise et de future pénurie énergétique, et les écologistes, qui dénoncent notamment les méthodes d'extraction du gaz, le dialogue peine à s'intaller. Pourtant, les énergéticiens ne sont pas les seuls à s'intéresser à la nouvelle ressource : le BTP aussi pourrait profiter largement du filon.

Une fois n'est pas coutume, le débat sur l'exploitation des gaz de schiste est parfaitement lisible, sans manichéisme. D'un côté, on trouve les partisans de l'exploitation, qui y voient plusieurs opportunités : création de richesses et d'emplois, alternative au pétrole, et indépendance énergétique, stratégique à l'heure où la Russie comme les pays du Golfe étendent leur influence. De l'autre, les opposants pointent justement l'impact sur l'environnement, très risqué en raison de la méthode d'extraction des gaz, la fameuse fracturation hydraulique, mais aussi les effets pervers d'une alternative au pétrole qui ne crée pas de changements de comportement profonds et concurrence les efforts pour des énergies renouvelables et durables. Sans entrer dans les caricatures, le clivage est on ne peut plus clair.

De l'intérêt du BTP

Les énergéticiens ne sont pas les seuls concernés par les montagnes de profits promis par la "manne" des gaz de schiste. Le secteur du BTP aussi pourrait avoir sa part du gâteau. L'exploitation nécessite la construction de toute une série d'infrastructures : les sites de production pour commencer, mais également les aménagements spécifiques pour le transport du gaz, les installations, logements et commodités pour les ouvriers et les ingénieurs présents sur place, etc. On pourrait même "imaginer" la construction de véritables villes minières sur le plateau du Larzac...

Les principales sociétés françaises intéressées ont d'ailleurs pu se forger une expérience de pionniers aux Etats-Unis. Lafarge produit le ciment spécial destiné à la construction des puits. Saint-Gobain fournit les micro-billes de céramique utilisées pour fragmenter les roches. Pour Lafarge, il s'agit même d'une activité vitale , et qui fait partie des pistes les plus sérieuses en France pour assurer sa croissance et réduire sa dette abyssale. Sans occulter la perspective d'ouvrir la production à l'exportation, à l'instar de ce qui est proposé aux Etats-Unis dans un rapport commandé par Barack Obama, et créer ainsi des contrats supplémentaires pour la construction d'installations portuaires d'envergure pour le transport du gaz.

Le choix de la transition énergétique ?

Cependant, les profits liés à l'exploitation du gaz de schiste en France sont encore loin d'être concrets pour les sociétés françaises du BTP. L'incertitude demeure quant au choix du gouvernement. De plus, le nombre des entreprises à même de répondre aux exigences de l'industrie est assez limité : à peine quelques grands groupes et une minorité de PME particulièrement innovantes. De fait, en ce qui concerne le BTP, mis à part dans le cadre de la construction de terminaux portuaires, les emplois créés seront assez limités.

Assez limités aussi comparés à la potentialité représentée par la transition énergétique. Si à première vue le développement des deux activités n'est pas opposées, les écologistes considère que l'une nuit forcément à l'autre et déplorent une vision à court termes. En effet, l'exploitation des gaz de schiste prolonge un mode de consommation basé sur les énergies fossiles, au détriment d'une autre forme de consommation plus durable souhaitée par la transition énergétique. La prolongation d'un système voué à disparaître entraineraît alors le ralentissement de cette transition. Or cette dernière constitue, selon les syndicats professionnels du bâtiment, le principal axe de croissance du secteur dans le futur. Faire le choix de la transition énergétique est donc plus suceptible de créer de l'emploi à court comme à long termes, et particulièrement chez les artisans.

Pour autant, faut-il opposer nécessairement les deux ? Le pays peut-il s'asseoir sur une rente de cette nature et de cette importance, à l'heure justement où il nécessite des investissements conséquents, en faveur notamment de cette transition énergétique ? L'exploitation du gaz de schiste pourrait même financer cette transition. Pour une fois, le temps joue à la faveur du gouvernement : la ressource ne risque pas de disparaître, et le progression fulgurante des techniques d'extraction devrait permettre d'en limiter l'impact écologique. Alors, pour une fois que le gouvernement a le temps de la décision...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à poster vos commentaires et avis !